Livio Amedeo Maria MISSIR MAMACHI de LUSIGNAN was born in Izmir on 27 April 1931; a city which was yet to recover from the aftermath of the disaster from the Turkish war of liberation as a consequence of WW1. The hardness and shortages imposed on his family by the Second World War were not to undermine young Livio’s determination of acquiring a good education.
From a young age Livio Missir demonstrated high intellectual and linguistic capacities. His dogged resolution aimed at high academic achievements had become almost legendary within the Levantine community. He was a friend of our family, and my father would often cite him to me as an exemplar. I have memories of his visits during school breaks from his higher studies in Istanbul and Ankara.
Eventually he embarked into a brilliant academic career which includes a doctorate in law and research in various universities. Much of his work was published internationally, especially books and essays on Levantines in the Ottoman Empire and in Republican Turkey.
As a linguist, lecturer, and specialist in the rights of (religious) minorities, of State-Church relations, and of Islam, he was in charge of course studies in many universities of Europe and America.
He was awarded the following distinctions:
Prix La Pira, Pistoie, 1989
Prix Europe du Pays basque, Bilbao, 1991
Prix du Polyglotte européen, Hasselt, 1992
He reached the higher echelons of the European Commission having been the cultural attaché of the Secretary of the European Union. On 14 July 2008 he was awarded a knighthood by the King of the Belgians. He participated in the negotiations of Greece’s entry into the EU, directed the European Cultural Action, and presided over the Robert Schuman Information Centre of the European Commission.
For the Catholic Christians of Izmir and of Turkey he was the defender and champion of what he called the “Latin Identity” going as far as calling it a “Latin nation”. In my view this is a notion which could be justified should we accept the argument of Smyrna having been a city-state under the Ottomans.
The sad news of the murder of his European Union diplomat son Alessandro and of his wife Ariane Lagasse de Locht in 2006 delivered a terrible blow on Livio from which I feel he’d never fully recovered.
I was privileged to receive a telephone call from him in 2014 and had a lengthy exchange of our past joint memories. When I reminded him that he had been my childhood hero and was responsible for generating my interest in matters Levantine including of the strengthening my Roman Catholic faith, he reminded me in his usual self-effacing way that he had only been to Lazarists school, as did my father.
We had agreed that I should visit him next in Brussels; sadly it was not to be.
Having received the holy rights, Chevalier Livio Amedeo Maria Missir Mamachi de Lusignan died on Friday 16th October 2015 in Belgium.
His memory will remain with us. May he rest in peace.
George Galdies
26 October 2015
E&O excepted.
His publications:
An additional obituary in French:
Le 16 octobre dernier nous a quittés celui qui était devenu au fil du temps une icône de l’Orient chrétien. Qui n’a pas croisé cette figure d’homme chaleureux et immensément cultivé dont Bruxelles s’était enrichi il y a une petite quarantaine d’années ? En lui coexistaient les plus étonnants paradoxes : Italien d’origine levantine, il était né à Smyrne le 27 avril 1931, près de neuf ans après l’effroyable septembre noir qui vit la ville livrée aux pillages et aux massacres par les soldats d’Atatürk. Et pourtant, Livio, plongeant ses racines dans un très ancien terreau familial, se proclamait le «dernier des Ottomans». Il faut dire que sa connaissance intime de l’histoire de l’Empire, autant que celle des «dhimmis», ces chrétiens protégés par le Sultan, dont était issue sa propre famille, lui permettait des jugements très supérieurs aux propos ordinaires. En dépit d’un traitement distinct et parfois vexatoire, les religions minoritaires étaient jadis bien mieux traitées en terre d’islam que celle des musulmans dans l’Europe chrétienne. Les Missir avaient joué un rôle important dans la communauté chrétienne et, à l’échelle de la Sublime Porte, leur statut de «drogmans» donnait à leur influence une dimension européenne, car ces interprètes officiels du pouvoir et de la diplomatie connaissaient tous les secrets d’Etat quand ils n’utilisaient pas leur savoir pour infléchir l’une ou l’autre politique. Par des alliances féminines, ils étaient aussi descendants des Giustiniani, princes de Chio, et d’une branche naturelle des Lusignan de Chypre, maison restée fidèle à ses racines et à laquelle appartenait la mère d’André Chénier.
Après avoir achevé de brillantes études de Droit à Ankara et à Rome, Livio Missir commença une carrière d’enseignant universitaire qui le mena de Yale à la Sorbonne, d’Utrecht à Minneapolis, ainsi qu’à Florence. Mais c’est dans la construction européenne que cet homme inspiré par la notion d’empire montra ses talents de négociateur et de chercheur. Après avoir été membre du Secrétariat général du Parlement européen à Luxembourg, il joua un rôle important à la Commission européenne où son tempérament de communicateur permit le développement de la politique d’information de l’Union. Tout naturellement, sa connaissance du monde ottoman et de la Grèce, servie par une culture phénoménale, en fit une des chevilles ouvrières de l’action culturelle de cette même organisation.
On parle souvent de «culture phénoménale». C’est même devenu un lieu commun pour qualifier toute personne dont l’horizon s’élargit au-delà des conventions. A la différence de beaucoup d’autres, la culture chez Livio Missir avait un sens. Loin d’être un catalogue de savoirs divers, elle correspondait à cet appel de la conscience qui lui faisait transmettre la civilisation levantine autant que la richesse du christianisme oriental. Son approfondissement dans tous ces domaines, ainsi que les nombreuses publications qui ont jalonné sa vie, étaient comme une sorte d’impératif catégorique, que nous pourrions qualifier maladroitement d’appel de la Grâce. Catholique engagé, il portait son érudition comme un sacerdoce. Il pouvait d’ailleurs la diffuser grâce à son maniement prodigieux des langues orientales et occidentales.
Epoux de la charmante Anne Sintobin, dont il avait eu trois enfants, tout aussi remarquables que lui, il était devenu Belge d’adoption et heureux de vivre dans notre atmosphère multiculturelle. Néanmoins, ses dernières années furent marquées par un drame effroyable. En septembre 2006, son fils Alessandro et son épouse, Ariane Lagasse de Locht, furent assassinés à Rabat dans des conditions atroces. L’affaire suscita une très grande émotion au sein de la communauté européenne.
À partir de 2006, il commença une lente descente vers sa fin de vie. L’octroi du titre de chevalier par le roi Albert II fut néanmoins une consolation par l’aspect de reconnaissance que comportait cette dignité.
Il reste de lui un souvenir très profond chez ceux qui l’ont fréquenté : un regard d’une malice charmante, un ton oratoire qui lui donnait l’allure d’un délicieux prophète, des conversations infinies et une intelligence pénétrante qu’il utilisait pour mettre en valeur ses interlocuteurs. En effet, sa curiosité ne s’arrêtait pas à l’immensité des bibliothèques : elle faisait de lui un passionné de l’humain. Rien ne l’enchantait plus que de partir en voyage intellectuel avec l’une ou l’autre personne capable de le suivre et de brasser autant de souvenirs ou de pensées qu’un grand aigle s’élevant dans la fluidité de l’air.
Olivier de Trazegnies