Ephemera

Caricatures of Hassan

Selection of plates from the exhibition: Pierre Loti and the silhouettes of Hassan, Portraits before the 2nd Constitution, 24 October - 23 November 2017, Saint Benoît Lycee, “La Galerie”, Galata, Istanbul - the descriptions of plates are in French, English translations to follow - numbering from left to right:

PLANCHE I: GROUPE D’OFFICIERS ETRANGERS AVEC PIERRE LOTI ET CLAUDE FARRERE

1. Lieutenant - Colonel DUPONT
Attaché militaire de l’Ambassade de France. Après la Première Guerre mondiale, il est nommé président du Département des pays étrangers au Ministère de la Défense français.

2. Colonel H. C. SURTEES
De 1905 à 1909, il est attaché militaire à l’Ambassade d’Angleterre à İstanbul et à Athènes (deux régions). Puis, il est promu au grade de général

Le Colonel Surtees était un homme qui ne souriait jamais, il avait des conversations agréables avec le premier conseiller de l’Ambassade d’Iran. L’iranien s’appelait “Ohannes Khan”, il sera nommé Général de l’armée du Shah.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.37.

3. Lieutenant - Colonel Vittorio ELIA (1859-1944)
De 1907 à 1910, il est attaché militaire à l’Ambassade d’Italie, à Istanbul. A son retour en Italie, il est promu au grade de Général.

6. Commandant JACQUEMONT
Commandant du deuxième bateau escorteur français “La Mouette”.

7. Robert de GUIROYE
Lieutenant français qui a croqué les caricatures sous le pseudonyme “Hassan”, du bateau escorteur “La Mouette” sous commande de Julien Viaud (Pierre Loti).

8. ?

9. Officier marinier BREDA
Officier français du bateau stationnaire.

10. Pierre LOTI (Louis - Marie Julien Viaud) (1850-1923)
Ecrivain et Officier de marine français. En tant qu’officier de marine et grand voyageur, il a eu l’occasion de rencontrer des cultures étrangères, thème central de ses romans. On dit que la reine Pomare V l’a surnommé Loti, du nom de la fleur tropicale, quand il est passé à Tahiti en 1871. En 1891, l’écrivain est élu à l’Académie française et décoré de la Légion d’Honneur en 1910. Il séjourne plusieurs fois à Istanbul et vit l’influence du mode de vie ottoman. Il s’est toujours lui-même qualifié d’“ami des turcs”. De 1904 à 1905, il est Commandant du bateau stationnaire “Vautour” de l’Ambassade de France à Istanbul. C’est à cette époque ce que l’officier Guiroye, du bateau escorteur “La Mouette”, dessine ses caricatures sous le pseudonyme d’Hassan.

Lettre de Gazi Mustafa Kemal (Atatürk) à Pierre Loti:
Après la signature du traité d’Ankara entre le gouvernement de la Grande Assemblée Nationale turque et la France, la Grande Assemblée Nationale turque décide d’offrir un tapis à Pierre Loti et, à ce propos, Mustafa Kemal adresse la lettre ci-dessous par l’intermédiaire de Monsieur Ferit, Ambassadeur de Turquie en France. Le tapis offert et la lettre sont remises à Pierre Loti le 26 décembre 1921 par Madame Müfide Ferit, l’épouse de Monsieur Ferit.

La Grande Assemblée Nationale turque, profitant du fait que son représentant se rend à Paris, a le devoir d’exprimer encore une fois les sentiments, la reconnaissance, les remerciements envers un grand et noble ami de la Turquie. Pour ce grand expert qui a toujours approuvé et défendu le droit du peuple turc avec sa plume magique pendant les jours les plus obscurs de l’Histoire ... ce tapis tissé avec des larmes par les filles orphelines de nos soldats martyrs de la Guerre d’Indépendance sera le témoin des sentiments profonds du peuple turc. Veuillez accepter ce cadeau de valeur humble mais riche du sens qu’il représente, comme la preuve de notre reconnaissance, reconnaissance que nous éprouvons pour le “Grand Français” droit et courageux.
Gazi Mustafa Kemal (ATATÜRK) Généralissime de la Grande Assemblée Nationale turque, 3 novembre 1921.

Loti, photographié au balcon du séjour, à l’arrière du bateau “Vautour”. L’appartement constitué d’un salon, d’une salle à manger et d’une chambre à coucher, est décoré des tissus précieux de l’Est et d’objets orientaux. Dans le salon, il y a un piano sur lequel Loti jouait toujours. Au cours des premiers jours, les officiers et ceux qui viennent d’arriver ont appris que leur Commandant Pierre Loti aimait jouer les mélodies de Chopin et de César Frank.
Christian Genet- Daniel Hervé, “Pierre Loti- l’Enchanteur”, Editions La Caillerie Gémozac, France 1988.

C’est le « Nirvana » qui, aux premiers jours d’Août de cette année 1906, nous a ramenés à Constantinople; mais cette fois ce n’est pas comme en 1904, devant Dolmabahçe que nous avons pris le mouillage, c’est en face de Thérepia, dans la baie de Beykoz, tout près de la côte d’Asie, à l’écart du grand courant du Bosphore, de meme que notre voisin le « Vaoutour » qui n’est plus commandé par Pierre Loti. Une fois encore, il a quitté son cher Stamboul et, de ce dernier séjour, il a rapporté son beau roman « Les Désanchantées ». Nous le saluerons plus, passant dans sa vedette dont la banquette était recouverte d’un tapis d’Orient, nous ne verrons plus sa silhouette élégante et cambrée, son visage vieillisant, mais rajeuni par des yeux magnifiques et passionnément déséspérés.
Henri de Régnier de l’Académie Française, “Les Soirées du Divan” (22), Le Divan, Paris 1926.
Sarah Bernhard est venue trois fois à Istanbul. En 1888, en 1893 et en 1904 ... En 1904, lors de sa dernière visite, dès qu’elle a débarqué du bateau roumain, elle est allée à l’hôpital français, à Taksim, au chevet du commandant, Pierre Loti. Alors qu’il est sous traitement dans cet hôpital, Pierre Loti reçoit le télégramme annonçant le succès de Sarah Bernhard à la première de l’adaptation du Roi Lear au théâtre Antoine à Paris. Quand l’éditeur du journal “Stamboul” rend visite à Pierre Loti pour lui demander comment il va et s’il irait voir les pièces de Sarah Bernhard, Pierre Loti lui répond : “C’est dommage, je suis triste de ne pas pouvoir voir les pièces de mon ancienne amie de jeunesse, de ne pas pouvoir lui faire visiter ni mon Istanbul, ni mon bateau”. Sarah Bernhard a joué L’Aiglon, Frou-Frou, La Dame aux Camélias et Sapho au Théâtre Kışlık à Tepebaşı, elle a séjourné à l’hôtel Pera Palas.
Willy SPERCO, “Istanbul au Debut du Siécle”, Ç.G. Vakfı Yayını, İstanbul 1989.

11. Claude FARRERE (1876-1957)
De son vrai nom, Frédéric-Charles Bargone, diplômé de l’Ecole maritime, il travaille dans la Marine militaire. De 1904 à 1905, il est officier à Istanbul, à bord du bateau “Vautour” dont Pierre Loti était le Commandant. Il quitte l’Armée française en 1919. Pendant la Guerre d’Indépendance turque, il fait connaissance de Mustafa Kemal Atatürk et défend la cause turque. Il devient “L’ami des turcs”. En 1935, il est élu à l’Académie française. On donne son nom à une avenue à Sultanahmet, à Istanbul, “Klodfarer Caddesi”. Parmi ses livres sur la Turquie, il y a “Les Quatre Dames d’Angora” (1933) et “La Dernière Porte”, écrit en 1951.

Farrére avait dit au journal français Le Figaro : “Pourquoi j’aime et je respecte les Turcs ? ... Car je suis une personne qui connaît très bien les Turcs. C’est la nation la plus honnête, la plus digne, la plus pure et la plus généreuse que j’aie connue. C’est pourquoi le fait que je défends les Turcs est une mission sacrée.”
Farrére a démontré sa grande amitié quand Istanbul souffrait sous l’occupation ennemie, lors de la guerre “à la vie et à la mort” en Anatolie. Il est venu à Istanbul en juin 1922. Il a visité toutes les associations culturelles, médiatiques et sociales qui contribuaient à préserver l’esprit de notre nation. En Anatolie, il a rencontré le Président de la Grande Assemblée Nationale turque Gazi Mustafa Kemal Paşa...

Taha Toros, “O Güzel İnsanlar”, Edition Aksoy, Istanbul, page 366.

PLANCHE II: AMBASSADEURS DES SIX GRANDES PUISSANCES ET LES MINISTRES PLÉNIPOTENTIAIRES D’IRAN ET DES ETAT-UNIS

1. Baron Adolf Marschall von BIEBERSTEIN (1842-1912)
En Allemagne, il s’est opposé à Bismarck lors des diverses missions d’état qu’il a occupées. En 1890, il a joué un rôle important au cours de la destitution de Bismarck et est devenu Ministre des Affaires étrangères allemand dans le gouvernement suivant. Il est nommé à Istanbul pour soutenir les ambitions politiques étrangères de l’Empereur allemand Wilhelm II ; il y occupe le poste d’Ambassadeur de 1879 à 1912. Il a renforcé les liens économiques entre l’Allemagne et l’Etat Ottoman. Il a joué un rôle primordial dans la construction du chemin de fer de Bagdad. Il est décédé peu après avoir été nommé Ambassadeur à Londres.

De haute stature, l’Ambassadeur de Guillaume II, joua un très grand rôle - à sa taille évidemment - qui appartient à l’Histoire et qu’il est inutile de rappeler davantage à cette place. Le Baron Marshall de Bieberstein se rendait très rarement à la Sublime Porte. Il n’y allait qu’aux grandes occasions pour voir le Grand Vézir et le Ministre des Affaires Etrangères. Voisin immédiat de Tevfik Pacha, il sonnait fréquemment à sa porte pour l’entretenir, et remplir sa haute mission. C’était au “Palais” essentiellement qu’il se présentait afin de trancher toutes les questions.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.45

2. Marquis Guglielmo IMPERIALI (1858-1944)
Homme politique brillant des princes Francovilla. De 1904 à 1910, il est Ambassadeur d’Italie à Istanbul. A cette époque, la résidence secondaire de l’Ambassade d’Italie avait été construite à Tarabya. Il est nommé Ambassadeur après avoir été en mission à Berlin, à Paris, à Washington, à Bruxelles, à Sofia et à Belgrade. Pendant la Première Guerre mondiale, de 1914 à 1918, il est Ambassadeur d’Italie à Londres. A l’époque du Ministre des Affaires étrangères Tittoni, il a fait beaucoup d’efforts pour les intérêts du gouvernement italien en Albanie et en Libye. A partir de 1913, il devient Sénateur.

C’était un charmant diplomate, amateur de jolies femmes...Il avait succédé le Marquis Malaspina de Carbonaro...Quand il rencontrait au cours de ses promenades à Tarabya un dame du monde qu’il connaissait et qu’il se trouvait dans sa voiture en stationnement a Kalender, ou devant le “Summer Palace” (hôtel de la Société de Wagons Lits-Orient Express qui n’existe plus aujourd’hui), il s’approchait d’elle pour lui offrir ses hommages...Il était sous le charme lointain de Madame Turhan Pacha qu’il voyait passer en caique, le visage recouvert d’un voile idéal et énigmatique. Il l’avait trouvée tellement séduisante qu’il disait en parlant d’elle: “La Reine de İstinye”.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p. 40.

4. I. Aleksandr ZINOVIEV (1854-1931)
A partir de 1883, il est directeur responsable de l’Asie dans les Affaires étrangères de la Russie. En 1897, il est nommé Consul à Istanbul et, de 1898 à 1909, il est promu Ambassadeur de Russie.
Le Sultan Abdülhamid II a chargé plusieurs fois le Pacha Selim Melhame, ami de Zinoviev, de rencontrer l’Ambassadeur de Russie afin d’adoucir les relations tendues entre la Turquie et la Russie dans les Balkans.

Le réveillon, vieux style, était l’occasion d’un gala de nuit à l’Ambassade de Russie; le représentant du Tzar M. Zinoviev qui n’avait pas réussi à faire oublier son excellent prédécesseur M. de Nélidov, si bel homme grace à sa stature imposante, acceullait dans ses salons dorés toute l’élite İstanbulitaine... M. Zinoviev fut un des rares ambassadeurs qui reçut à sa table un Grand Vézir, Férid Pacha Avlonyalı. En effet à cette époque le Gardien du Sceau de l’Empire ne pouvait pas se rendre à l’invitation d’un représentant d’une puissance étrangère, que s’il avait obtenu un “İrade” d’Abdulhamid, l’autorisant à l’accepter.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p. 22,25

5. Baron Heinrich Freiherr von CALICE (1831-1912)
Diplomate étranger qui a occupé le poste d’Ambassadeur sous le règne d’Abdülhamid II. Il réside à Istanbul de 1880 à 1906 comme Ambassadeur d’Autriche-Hongrie. En 1896, il participe à la Conférence des Ambassadeurs des six pays super puissants.

Le Baron de Calice respectable vieillard était l’Ambassadeur de François Joseph d’Autriche. Il résida longtemps à Istanbul et fut doyen du Corps Diplomatique; le Sultan l’avait en grande estime; d’un commerce affable et doux malgré sa position de représentant de S.M.I.R. et Apostolique, il aimait la simplicité et son fils Franz était attaché à son Ambassade.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.50

6. Jean Antoine Ernest CONSTANS (1833-1913)
Professeur de Droit. De 1876 à 1892, il occupe diverses fonctions d’état dont celle de ministre. De 1899 à 1909, il est Ambassadeur de France à Istanbul. Lors de sa mission, il suit de près les droits des sociétés et des créanciers français. Il fut un diplomate influent, de caractère fort.

Quand j’ai été nommé auprès de Monsieur Constans, il avait soixante-douze ans et c’était la cinquième année de sa mission à Istanbul. Il était un vieillard fort mais avec un corps alourdi et un peu d’embonpoint. Depuis qu’il s’est coupé la barbe, la belle structure de sa tête, les traits subtils de son visage, ses yeux clairs et son regard profond sont réapparus, il arborait une moustache blanchie et des cheveux coupés court. Cet homme politique expérimenté rappelait un vieux général proche de la retraite... Il avait un sens de l’humour propre à lui. Son dialecte “Toulousain”, méridional et sympathique, sa manière de parler doucement donnaient une tonalité particulière à ses plaisanteries… constituées d’un esprit philosophique malicieux et ironique ciselé de mots magnifiques.”
François Charles-Roux, “Souvenirs Diplomatiques d’un âge révolu”, Arthème Fayard Paris, 1956, p. 116

7. John George Alexander LEISHMANN (1857-1924)
Diplomate américain et homme d’affaires. En 1900, il est nommé ministre plénipotentiaire à Istanbul et y séjournera jusqu’en 1909. Il a fait beaucoup d’efforts pour défendre les droits des américains et des établissements américains dans l’Empire ottoman. Il a acheté le “Palazzo Corpi”, le premier bâtiment de l’Ambassade des Etats-Unis, à Pera. Il était un ami intime du pacha Melhame. En 1924, il décède à Monte-Carlo où il était en retraite.

8. Sir Nicholas O’CONNOR, Anglais (1843-1908)
Il a commencé sa carrière diplomatique à l’Ambassade d’Angleterre à Berlin comme 3ème secrétaire. Il est passé par les Ambassades des Pays-Bas, du Brésil, de Paris, de Chine, des Etats-Unis et de Bulgarie avant de venir à Istanbul. De 1898 à sa mort en 1908, il a été l’Ambassadeur d’Angleterre à Istanbul.

Sir Nicolas O’Connor faisait bien les choses et ses festins d’un caractére très fermé ne groupaient que des invités triés sur le volet: les Anglais, étant très méticuleux du reste dans la séléction de leurs convives, même quand il s’agit de se conformer aux listes inamovibles dressées par le Protocole, on ne rencontrait pas chez les O’Connor des personnages a la mine douteuse.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.32

PLANCHE III : HOMMES D’ETAT OTTOMANS

1. NAUM DUHANİ Pacha (1851-1911)
Pacha de l’Armée ottomane d’origine libanaise. De 1892 à 1902, il est Préfet de Cebel Liban. En 1908, il devient Ministre de Nafia pour une courte durée. Puis, il est nommé Ambassadeur à Paris et il occupe ce poste jusqu’à sa mort, en 1911. Il était le père de l’écrivain et du directeur de Turing Said N. Duhani.

L’Opéra Naum, ce théâtre était dirigé par son fondateur, Mihail Naum-Duhani, originaire d’Alep et oncle paternel de Naum Pacha. Le Maestro Guatelli en fut le chef d’orchestre dès 1848; plus tard promu Général et Pacha, il devint Directeur d la fanfare du Sultan Abdümecid, père de Abdülhamid II. Le grand incendie qui ravagea Péra en 1870 détruisit complètement le Théâtre qui ne fut pas reconstruit par la suite.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p. 61

2. Mehmet NURİ Bey (1858-1908)
Fils d’un professeur français de la famille réputée Chateauneuf, prenant plus tard le nom de Reşat. Diplômé du Lycée de Galatasaray, il devient ingénieur en agriculture en France. A son retour, il est nommé Directeur de l’école d’Agriculture de Halkali. Puis, il devient premier secrétaire au Ministère des Affaires étrangères. Il sera délégué à la Conférence de la Paix à La Haye.

3. Gabriel NORADUNKYAN Bey (1852-1936)
Diplômé du Lycée Saint Joseph à Kadıköy, il étudie le droit et les sciences politiques à la Sorbonne, à Paris. En 1875, il est professeur à “Mekteb-i Hukuk-i Şahane”. En 1877, pendant la guerre russo-turque et suite à cette guerre, il intervient comme délégué dans la commission représentant le gouvernement ottoman. A partir de 1883, pendant 29 ans, il est conseiller de droit aux Affaires étrangères ottomanes. Après la deuxième monarchie constitutionnelle, il devient Ministre du commerce et Ministre des Affaires étrangères. Il a été l’un des membres du Sénat ottoman fondé en 1908. Il décède à Paris en 1936.

4. Yusuf FRANKO Pacha (1855-1933)
Ottoman né à Istanbul, d’origine libanaise. Alors au Ministère des Affaires étrangères, il représentera l’Etat Ottoman à la Conférence de la Paix à La Haye. Alors qu’il est secrétaire du ministre des Affaires étrangères, il est promu au titre de Ministre et devient Pacha. En 1907, il est encore promu au grade de préfet du Djebel Liban. En 1918, il devient Ministre de la Poste et du Télégramme et, en 1919, Ministre des Affaires étrangères.

Yusuf Bey, (Youssouf Franco-Cussa) qui a laissé un album, chef-d’ouevre de caricatures où figurent toutes les personnalités de l’Ancien Péra. Une des plus riches trouvailles de sa “boîte à peinture” fut le Conférence de Tophane avec tous ses participants, pris sur le “vif” dans leurs attitudes les plus caractéristiques dans laquelle on été peints... emprisonnant dans la “Cage Diplomatique” Gabriel Efendi Noradounghian (en perroquet), Nichan Efendi Djivanyan (en macaque) et Nicolaki Efendi Sgourides (en singe d’Afrique). Yusuf Bey, caricaturiste jeune et joyeux garçon, avait trouvé là, une fois encore, l’occasion de donner libre cours à sa franche bonne humeur.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.32

5. Nicola SKURIDES Efendi
Directeur au Ministère des Affaires étrangères.

Monocle diplomatique à l’oeuil, il marchait en scandant le pas et en commentant l’article du “Temps”. Bon zélé Directeur Général au Ministére des Affaires Etrangères, Son Excellence était un bridgeur avisé, à la conversation instructive et choisie.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990.p.62

6. İsmail CENANİ Bey
Fils de Kadri Pacha. Avant la deuxième monarchie constitutionnelle, il était commissaire responsable du tabac, des boissons ... au nom du gouvernement ottoman. Suite à la deuxième monarchie constitutionnelle, il devient Ministre responsable de l’accueil des hommes d'état étrangers lors des fêtes nationales et vice-président de l’association de la protection des animaux, il a été président de l’association germano-turque.

7. Andreas KOPASSIS (Copassi) Bey (1856-1912)
De 1907 à 1912, il est le dirigeant de l’île de Samos. Après l’indépendance de la Grèce en 1832, l’île de Samos est devenue autonome sous le nom de “Principauté de Samos”. Celui qui portait ce titre devait être d’origine grecque.

8. ADİL (Hacı) Bey (1866-1924)
En 1909, il devient Ministre de l’intérieur pour deux mois; la même année, jusqu’en 1913, il devient sous-secrétaire d’Etat. En 1919, il est nommé Ministre de l’intérieur pour quatre mois, et la même année, membre du Sénat.

12. Habib MELHAME (1861-1924)
Frère du Ministre des forêts, des mines et de l’agriculture et du Pacha Necip Melhame. Il est directeur dans divers secteurs du Ministère ottoman responsable du tabac et des boissons. Par l’intermédiaire de ses frères Selim et Necip Melhame, il est le partenaire turc des entrepreneurs étrangers d’établissements de privilège. Après la deuxième monarchie constitutionnelle jusqu’à sa mort, il occupe diverses fonctions d’état à Istanbul.

PLANCHE IV : DIRIGEANTS DE LA DETTE PUBLIQUES OTTOMANES ET LES BANQUIERS

1. Sir Adam Samuel James BLOCK (1865-1941)
De nationalité anglaise, il est chef interprète à l’Ambassade d’Angleterre de 1894 à 1903. Après avoir cédé son poste à Lamb, ex-consul de Thessalonique, il devient commissaire au nom des propriétaires de portefeuilles anglais et hollandais ; en 1903, à l’établissement responsable des dettes extérieures. Puis, de 1907 à 1914, il occupe le poste de Président de la Chambre de Commerce Anglaise.

Sir Adam Block, premier Drogman (chef interprète) de l’Ambassade était un trait d’union souvent cassant, entre la Porte et son chef; il n’était pas toujours facile d’élucider les incidents par son truchement. Il devint plus tard Représentant des Porteurs Anglos-Néerlandais a Conseil de la Dette Publique et eut pour remplaçant M. Lamb, ancient Consul Général à Salonique, mari d’une Italienne, et dont les manières étaient plus douces.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.37

2. Baron Charles de TESTA (1840-1911)
Il a travaillé comme chef interprète à l’Ambassade d’Allemagne. Le gouvernement allemand l’a nommé Ministre plénipotentiaire au Maroc avant d’être retraité mais il n’y est pas resté longtemps et a préféré revenir à Istanbul. Il fut commissaire au nom des propriétaires de portefeuilles allemands créanciers de l’établissement responsable des dettes extérieures. C’était un faciès connu et apprécié de Beyoğlu et ses proches travaillaient à la Banque ottomane. Son père, un écrivain, avait publié une oeuvre encyclopédique nommée “Osmanli Babiali’si” traitant des relations entre l’Empire ottoman et l’Europe.

3. Osman HAMDİ Bey (1842-1910)
En 1860, il étudie le droit à Paris. Il suit des cours de dessin à l’atelier des artistes français, connu comme Jean-Léon Gérome. En 1881, il est nommé à Müze-i Hümayun, Musée de l’Empire. Il fait de ce musée l’un des musées les plus connus du monde, ce musée appelé aujourd’hui “Le Musée Archéologique d’Istanbul”. Il est également le fondateur de la Faculté des Beaux-arts de l’Université Mimar Sinan. Dans l’histoire de la peinture turque, il est l’un des peintres turcs qui a marqué l’Histoire grâce à ses compositions orientalistes de figures classiques.

La jeune fille, Cervantès, reconnue dès sa naissance comme “une enfant prodige”, jouait de la harpe comme une fée, sortie des Contes de Fées. Parmi ceux à qui elle donnait des cours particuliers, il y avait également la fille du peintre Osman Hamdi Bey, Directeur de Musée, Conseiller de l’Administration Publique, il était également la personne qui avait découvert le tombeau d’Alexandre le Grand. Une personne riche grâce à ses multiples talents, Monsieur Osman Hamdi, avait la chance, à l’époque, de faire la connaissance de tous les personnages célèbres de passage d’Istanbul et de les accueillir chez lui. Il était marié à une actrice française, il avait un caractère sincère et gentil. Très souvent, il donnait des réceptions, chez lui, à Kuruçeşme. La personne qui m’a présenté à Monsieur Osman Hamdi, c’était Cervantès. Je l’ai apprécié comme une personne sympathique, doué d'un sens artistique, fin connaisseur de Paris car il y avait vécu de longues années.
Fausto Zonaro, “20 ans sous le règne d’Abdulhamid”, Éditions Yapı Kredi, Istanbul 2008.

4. Louis RAMBERT (1839-1919)
Avocat et homme politique suisse. En 1891, il vient à Istanbul pour parler avec Babıali de la construction des chemins de fer. En 1897, il devient membre de la commission d’inspection financière. De 1893 à 1900, à la société des chemins de fer entre Thessalonique et Istanbul et, en 1895, à la société des chemins de fer entre İzmir et Kasaba, il est membre du conseil et président. En 1897, il devient dirigeant de la “Société Ottomane d’Héraclée”. Après avoir été directeur de la Banque ottomane, en 1900, il occupe le poste de directeur général du Tabac ottoman. Il n’a jamais quitté Istanbul, il jouait au billard au club du Cercle d’Orient.

5. Monsieur PANGIRIS
Un des directeurs de la Banque ottomane et conseiller financier du sultan Abdülhamid II.

8. Pierre de VAUREAL
Directeur général des Phares de l’Empire ottoman, il était en même temps président de la Société des Phares dont les français étaient les propriétaires. En 1912, il a commencé à travailler à la direction du Cercle d’Orient. Pendant ses loisirs, il était au Cercle d’Orient et s’occupait des activités sportives.

9. Arthur NIAS
Jusqu’en 1913, il travaille dans le cadre inférieur de la Banque Ottomane et est nommé adjoint du directeur général, P. Revoil. De 1913 à 1919, il devient directeur général de la banque. Après la Première Guerre mondiale, de nationalité anglaise, il a dû quitter la Turquie. Passionné d’art, en 1897, il est allé à Akaretler, chez Fausto Zonaro, peintre de Palais ottoman, et a acheté quatre tableaux.

10. Marquis Alberto THEODOLI
Nommé par la Banque di Roma, de 1905 à 1911, il est commissaire pour l’établissement responsable des dettes extérieures représentant des créanciers de portefeuilles italiens. En 1910, il publie à Rome le livre “L’Avvenire della Mesopotamia” - L’avenir de la Mésopotamie.

La sémillante et juvénile Marquise A. de Theodoli, nouvellement mariée au Délégué des Porteurs Italien à la Dette Publique Ottomane - originaire de Beyrut et fille du richard syrien M. Sursock, établi a Alexandrie d’Egypte, écrasait a Tarabya comme a Péra, du poids de sa dot les héritiéres levantines à qui elle avait ravi un Blason et un Coeur... si désespérément convoité.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.94

PLANCHE V : DIPLOMATES ET LEURS AMIS

2.François Charles ROUX (1879-1961)
Secrétaire chargé du courrier diplomatique à l’Ambassade de France. Il a été en mission successivement, d’abord à Saint-Pétersbourg (1902-1904), à Paris (1904), à Istanbul (1905-1907), au Caire (1907-1912), à Londres (1912-1914) et à Rome. Il a été Ambassadeur de France auprès du Vatican. Les souvenirs de sa carrière diplomatiques ont été publiés, en 1956, sous le titre de «Souvenirs Diplomatique d’un Age Révolu». Lorsque le leader égyptien Nasser a nationalisé en 1956 le Canal de Suez, la gestion de la compagnie était effectuée, pour une période, à Paris et pendant cette période son Président était François Charles ROUX.

Ambassadeur, historien et amateur d’orientalisme:
La découverte de la Turquie fut la grande affaire de la vie de François Charles-Roux. Ce fut un diplomate, Augustin Boppe, plus avancé en grade et plus âgé que lui, qui lui ouvrit toutes grandes les portes de l’Orient. Boppe était un spécialiste de la Turquie. Il y avait débuté a l’ambassade de Constantinople, et allait y retourner trois fois par la suite, occupant des postes de plus en plus importants. Personne ne connaissait comme lui le monde de Constantinople, les peintres ayant voyagé en Turquie, ces “peintres de Turcs” et de “Turqueries” qui venus sur les rives du Bosphore y avaient trouvé leurs modèles. Parmi ces peintres nombre d’entre eux étaient tombés dans l’oubli. Depuis 1903, Augustin Boppe leur consacrait des études qui réunis en volume dix ans plus tard, allaient sous le titre “Les Peintres du Bosphore au XVIII’iéme siècle” devenir pour les connaisseurs un ouvrage incontournable. Pendant leur séjour commun a l’ambassade de France a Constantinople, les relations d’Augustin Boppe et de François Charles-Roux furent celle de maître à disciple. Ce fut ainsi que Charles-Roux devint collectionneur.
Edmond Charles Roux, de l’Académie Goncourt, Catalogue vente Adler, Paris 1994.

Concernant Le Lycée Saint Benoît:
Nos missionnaires de l’enseignement se répandaient dans le Moyen-Orient Ottoman et rendaient de grands services aux populations qui y vivaient. Leur installation en Turquie est plus récente. En dehors de ceux-là, deux établissements avaient un long passé historique; Saint Benoît des Lazaristes et Saint Louis des Capucins. Ces établissements scolaires dataient de l’ancien régime, du Royaume de France. La fondation des autres établissements datait du second Empire mais en particulier de la Troisième République.
François Charles-Roux, « Souvenirs d'un âge révolu - Quand Istanbul s’appelait Constantinople 1905-1907 » Artheme Fayard, Paris 1956, page 154.

8. Auguste BOPPE (1862-1921)
Premier Secrétaire de l’Ambassade de France, successeur de Pabst. Ce diplomate qui était passionné d'art a publié, en 1911, un livre important intitulé « Les Peintres du Bosphore du 18eme Siècle », chez Hachette, Paris. C’était un chercheur curieux de l’histoire ottomane, il s’est marié avec Yvonne Prévost à Istanbul en 1905. Après Istanbul, il est nommé Ambassadeur à Belgrade et à Pékin et ensuite Consul à Jérusalem.

J’aimais y faire mouvoir, en imagination, les « mamamouchis » et les dames de harem, peints sur les toiles que collectionnait le conseiller de notre ambassade, M. Auguste Boppe, qui m’avait communiqué le son gout de la Turquerie. Ce diplomate érudit et amateur d’art prenait plaisir à ramener en Turquie et à pendre dans ses salons de Péra et de Thérapia les tableaux, dessins, gouaches et gravures, dont nos artistes d’antan avaient emprunté les sujets à la vie Turque de leur époque.
François Charles-Roux, “Souvenirs diplomatiques d’un âge révolu” Arthème Fayard, Paris 1956, p. 134.

9. César BONNET
Avocat de formation, il était Conseiller et avocat des procès commerciaux. Ses clients étaient des hommes d'affaires français qui vivaient à Istanbul. Il habitait au Passage Tunnel, n°14.

12. Edmond PABST (1858-1934)
Premier secrétaire à l’Ambassade de France. Fils d’un bijoutier célèbre à Paris. Il se marie en 1907 à Paris, avec Gabrielle, la fille du Baron Evain Pavé de Vendeuvre, une famille stambouliote française. C’était un homme de Salon qui aimait la vie protocolaire. Ses relations avec la Sublime-Porte étaient très brillantes. Il sera nommé Ambassadeur dans plusieurs autres pays après avoir quitté la Turquie. En 1918, il est nommé Ambassadeur au Japon.

PLANCHE VI : TEMPS DU REPAS ET DE REPOS AU CERCLE D’ORIENT

8. Mehmet GALIP Pacha (1861- ?)
Né en 1861 à Istanbul, il reçoit une éducation française. Il est nommé en 1900 au poste d'Accueil des Affaires Etrangères. En 1906, il sera traducteur à l’Assemblée Impériale, au Ministère de l’Accueil Général. Nommé Vizir en 1907, il a été élevé au grade de Pacha.

Concernant l’Album HASSAN :
A bord des deux stationnaires de l'Ambassade de France il y avait nos vieux amis P. Loti, juché sur de hauts talons et Claude Farrère avec sa barbe de frère des écoles chrètiennes ; à leurs côtés se trouvait un autre officier de marine, dont il faut mentionner le nom: Guirois, si je ne me trompe ; caricaturiste émérite, il a édité un album: “l’Album de Hassan”. Le tout-Péra y était caricaturé avec une pointe humoristique très bien venue; Selim Melhame Pacha, Nuri Bey (Chateauneuf) notamment étaient d'une vraisemblance frappante. La “Librarie Weiss” voisine de la Légation de Suede, était assaillie par les personnes dont les traits figuraient, si spirituellement sur les pages dessinées par le marin rapin-rosse...
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.31

Les Mondanités :
Les soirées du Directeur Général de la Banque Ottomane M. Gaston Auboyneau, et de son successeur Jules Deffès; des banquiers Zarifi et Eugenidis; de l’agent de change Vassiliades, du richard arménien Agopyan, des nobilités des colonies étrangères telles les Caporal, Vendeuvre, Veer, Back de Surany et d’une nuée d’autres levantins de marque et de contre-marque, procuraient des “copies” aux reporters en quête de nouvelles mondaines.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul 1990, p.61

PLANCHE VII: JEUX DE CARTES AU CERCLE D’ORIENT

1. Pasteur SUHLE
Révérend dépendant de l’Ambassade allemand.

2. Georges D. HADJOPOULO
Commissionnaire, son entreprise était située dans le bâtiment Agopian à Galata. Le passage avait été construit par l’un de ses proches, Z. D. Hadjopoulo qui était un banquier célèbre de l’époque. Ce passage est connu de nos jours sous le nom de “Passage HAZZOPULO” (Hacopulo) qui, à l’époque, était le centre de la mode de Beyoğlu, on y trouvait des couturiers, des maisons de mode et des magasins d’accessoires.

3. BARON Léon OSTROROG (1867-1932)
Résidait en Pologne puis fut diplômé de la Faculté de Droit à Paris. Il a ensuite obtenu le diplôme de la Faculté de Droit à Istanbul. Il était le Conseiller juridique du Gouvernement Ottoman dans les années 1898-1914 et fut un des réformateurs du Droit Ottoman. Il deviendra Directeur de la compagnie Armstrong à Istanbul. A l’époque où cette caricature a été brossée, il résidait au numéro 22, Rue de Voyvoda à Galata. Ensuite, il s’est installé dans son yali, à Kandilli.

Du 15 Août au 22 Octobre, Loti séjourne pour la sixième fois à Constantinople. Dans les premiers jours, l’hospitalité lui est donnée par le comte Ostrorog qui possède une résidence à Candilly, sur la rive asiatique du Bosphore. Construite sur pilotis, la maison en bois s’avance vers les eaux par un quai de marbre que limite une balustrade. Loti s’y repose, réveur. Il dispose aussi du caique de ses amis pour aller dans les lieux de promenade qu’il affectionne; Beykoz et ses fumeries sous les platanes, les Eaux-Douces d’Asie et ses pelouses en gradins.
Christian Genet-Daniel Hervé, “Pierre Loti – l’Enchanteur”, Edition La Caillerie Gémozac, 1988.p.404

4. Georges Pericles ZARIFI (1871-1914)
Fils de Pericles Georges Zarifi qui était l’oncle du banquier Léon Zarifi.

6. Eustache EUGENIDES (1842-1914)
Banquier et homme d'affaires célèbre grec. Il était connu pour son soutien aux établissements grecs à Istanbul. Il avait une agence bancaire associée à Léon Zarifi. Il fréquentait très souvent le Cercle d’Orient, c’était un joueur de bridge. En 1905, son fils Etienne s’est marié avec Hélène, la fille de Léon Zarifi.

Le financier Hellène Eugénides avait la manie d’inviter les ambassadeurs à des réceptions grandioses qu’il donnait en leur honneur dans sa belle résidence de Yeniköy. Parlant un français à peu près correct, il amusait ses éminents convives par ses adaptations linguistiques gréco-franco-pérotes. Un jour l’Ambassadeur d’Angleterre, raconte-t-on, invité à déjeuner par notre financier , s’entendit proposer, au desser, une tranche de Cantaloup :
- Ekzélans, zé vous conseille de gôuter à ce pépon? ... suggéra le Maitre de la Maison.
L’Honorable Sir Nicolas O’Conor ne comprenait mot à ce langage conventionnel... quand le maitre d’hôtel lui présenta un melon frappé, le diplomate devina alors l’intention de son amphitrion. Notre Crésus-Lucullus, voulait désigner le melon (peponi en gréc). En procédant à l'ablation de l’i final, il essayait de "naturaliser" français, à manière, le substantif grec, qu’il croyait introduire dans le Dictionnaire des Quarante. Le vocabulaire du fantaisiste manieur d’or, formerait à lui tout seul, un riche receuil de “Bons Mots” susceptible de clérider les fronts le plus moroses.
Said N. Duhani, “Quand Beyoğlu s’appelait Péra”, Fondation Ç. Gülersoy, Istanbul, 1990, p. 98-99

Earlier unconnected illustrations from the British magazine ‘Graphic’ (August 1882), with caricature depictions of ‘Lawn-tennis at Constantinople’.
All images and captions courtesy of Erol Makzume, 2018 - interview: